Mon entrée en thèse m'a fait découvrir le monde de la recherche académique, tout à fait inconnu pour moi auparavant. J'ai pu y découvrir les relations entre chercheurs, les moyens pour échanger ses découvertes et l'immense accumulation de connaissance qui existe déjà. Mais j'ai aussi découvert le marché des publications : les chercheurs, payés par les Etats, fournissent gratuitement leurs résultats à des revues qui se chargent de les distribuer moyennant un droit de lecture. Cette démarche est primordiale pour les chercheurs qui y voient un moyen d'être connu pour leurs travaux. Malheureusement, aujourd'hui, ces entreprises font une marge de plus de 40% grâce à la numérisation des contenus, sans que le coût d'accès aux connaissances pour les chercheurs (et donc pour les Etats) ne soit réduit. Ce cercle vicieux est pourtant un problème pour la recherche dans son ensemble. A titre d'exemple, l'ensemble des universités de Nouvelle Zélande dépensent près de 15 millions de dollars par an pour avoir accès à seulement 4 maisons de publication. Des universités plus modestes de pays en développement ne peuvent pas se permettre de tels coûts. Certaines pratiques ont vu le jour pour contourner ce problème. La publication en "open access" coûte à celui qui veut publier, pour être ensuite gratuite à tout lecteur. Néanmoins le coût pouvant avoisinner 2500€ décourage beaucoup de laboratoires. De manière plus forte, l'Union Européenne oblige aujourd'hui toute publication ayant utilisé des fonds européens à être disponible gratuitement sur internet. Il reste beaucoup à faire pour une science ouverte à tous. Le savoir de l'humanité ne doit pas être détenu comme object commercial par une minorité d'entreprises.
Speakers: Jonas Gouraud